Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Fatigué de ce monde Annexes du livre de Pascale Morice

Témoignages de ses cousins et amis

Pascale Morice

Arnaud était « généreux et passionné, drôle et débordant de vitalité, excessif et provocant, brillant et entreprenant. Il nous impressionnait par son caractère. Nous restons aujourd’hui très marqués par son influence ».

 

 

 

Le témoignage d’un de ses cousins l’illustre avec force et intensité :

 

 

 

Mes souvenirs se mélangent et sont quasiment inclassables dans le temps mais ils restent pour moi inoubliables. Ce que j’ai vécu avec Arnaud est unique … Je me souviens par exemple du temps où le mot famille – je parle de sa famille paternelle – signifiait encore quelque chose pour lui.

 

Nous nous retrouvions, dans la propriété de nos grands-parents, dans un esprit de jeu et de fraternité inimaginable. Cela paraîtra peut-être anodin mais comment ne pas penser aux multiples cabanes construites dans les bois, aux grands feux de bois dans "l’illégalité" où nous grillions des châtaignes. Comment pourrais-je oublier le radeau construit dans la plantation qui devait nous permettre de rallier le centre de la France à Caen via l’atlantique ?

 

Très tôt Arnaud avait l’envie de réussir, refusant l’échec. Il était de plus en perpétuelle contradiction avec la génération supérieure. Cela me fascinait. J’étais heureux d’avoir un cousin capable de dire NON et de claquer la porte …

 

Lorsque nous étions dans le chalet de montagne nous partions dans la "casse[1]" pendant des heures pour nous cacher et fumer nos premières cigarettes.

 

Là encore nous étions dans la connivence presque parfaite. Bien sûr je n’oublie pas Alexis, Anne, Séverine avec qui nous partagions ces moments de bonheur.

 

Un des signes les plus marquants de son influence sur moi a été son enseignement musical. Je ne connaissais rien pour ainsi dire ; c’est lui qui m’a fait découvrir le chanteur Renaud, depuis je n’en ai jamais démordu. Il me fit, plus tard, connaître Thiéfaine ou dans bien des chansons que j’écoute actuellement je retrouve Arnaud et son côté sombre.

 

Ce qui m’attriste le plus est d’imaginer sa souffrance et son mal de vivre … Mon plus grand regret et désespoir est de ne plus avoir la possibilité de revoir mon grand cousin. Il m’arrive d’éprouver une certaine haine de la vie. Je ne sais pas contre quoi exprimer ma rage et ma colère.

 

Ce qui m’apparaît paradoxal réside dans la conviction qu’Arnaud aimait profondément la vie, comme je peux l’aimer aussi. Peut-être qu’Arnaud a ressenti une difficulté à gérer ses déceptions et ses désirs ? C’était quelqu’un d’entier, ce qu’on appelle un "personnage".

 

Je ne rêve aujourd’hui que d’une chose : qu’il se trouve en paix dans un monde plus proche et plus compréhensif de son esprit, de son âme.

 

Enfin je dirais que le suicide est un enjeu pour nous les vivants. Ce geste constitue des interrogations et une remise en cause permanente.

 

A l’âge adolescent il arrive que notre conception de la vie soit floue. Ce que je sais c’est qu’il faut savoir rester de roc contre les intempéries et les perturbations de notre société. Ce n’est pas toujours facile.

 

Je ne sais pas ce qu’en penserait Arnaud mais j’ose espérer que mes prières et mes intentions seront bénéfiques et l’aideront à mieux vivre là où il est désormais.

 

Je vous soutiens de tout mon cœur.

 

Benoît

 

 

 

 

Arnaud l’ami

 

Arnaud était un garçon intelligent, fin, follement drôle, terriblement sensible, passionné et très entier, qualités qui me l’avaient rendu très attachant.

 

Il m’a toujours fait beaucoup rire et je pense que l’humour comptait énormément dans ses rapports avec les autres comme pour moi.

 

Nous parlions aussi souvent de littérature, de musique et refaisions le monde…la dernière fois que je l’ai vu, nous avons eu une discussion sur le futur et l’avions trouvé encore bien trop incertain.

 

Cécile

 

 

 

 

Arnaud était mon ami d’enfance.

 

Je me rappelle très bien notre première rencontre. Nous avions parlé de tout et de rien sans aucune gène ni timidité, ni même retenue du fait que nous ne nous connaissions pas, comme seuls les enfants savent le faire. Cette facilité dans la prise de contact aura été le révélateur de la force de relation qui nous a longtemps unis.

 

Arnaud a été mon meilleur ami pendant plusieurs années. Nous avons fait et inventé mille jeux ensemble, parfois quelques bêtises mémorables et accumulé de bons souvenirs. Pour ma part j’appelle cela une enfance heureuse et je pense sincèrement à ce sujet qu’Arnaud aurait dit la même chose.

 

Plus tard, nous nous sommes un peu perdus de vue, nous avons pris des chemins différents. Quand on m’a appris le décès d’Arnaud, j’ai ressenti un sentiment nouveau, c’était en effet, la première fois que la mort me touchait de si près.

 

J’étais si triste que je n’ai pu aller à la cérémonie. Il y a plusieurs façons de vivre son deuil, la mienne était dans la solitude, mais je n’ai pas cessé de penser à lui tout au long de la célébration. Je repense encore régulièrement à lui. C’était un type bien ! Il a beaucoup compté pour moi.

 

Pierre

 

 

 

 

Parler d’Arnaud représente pour moi une chose difficile parce que je l’ai bien connu. Il a été mon meilleur ami à cet âge pénible et édifiant qu’est l’adolescence.

 

Nous étions liés jusque dans le détail, la mimique, le jeu de mot.

 

Arnaud était romantique, il aimait la poésie et la politique. Il voulait vivre au milieu d’un peuple libre. Ce romantisme a été une des choses les plus belles qu’il nous a été de vivre.

 

Arnaud était profondément honnête et je me retrouve parfaitement dans les paroles que Séverine a tenu le jour de son enterrement.

 

Il fallait voir comme pour lui les discussions avaient de l’importance. C’était une âme logique, il était révolté par logique. On pouvait voir là une contradiction avec son amour de la littérature, de l’esthétique. Séduit par l’anarchisme, c’était un être parfaitement entier. Si parfaitement entier qu’il en devenait parfois insaisissable.

 

Quand je pense à Arnaud, je pense à un beau garçon, un blondinet joyeux. Quelqu’un de tendre et d’exigeant.

 

Frédéric

 

 

 

[1] « La casse » désigne un chaos de rochers, grand espace de jeu pour les enfants.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires