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Fatigué de ce monde Annexes du livre de Pascale Morice

Textes écrits par Arnaud : poèmes et prose

Textes écrits par Arnaud : poèmes et prose
Textes écrits par Arnaud : poèmes et prose

EXTRAITS DU RECUEIL DE POEMES « VAPEURS »

 

 

 

VISION MARINE

 

Dans son bocal d’eau croupie,

Le garçon aux yeux délavés,

Chair pourrie, corps flétri,

Vogue tranquille et dévoré.

 

 

 

 

POETES

 

Le rein beau

Boude l’air.

La cendre des bâtons

Est triste au temps des tsars :

Avis que tord le hublot.

Dans l’antre aux nains marteaux

La colle et l’art

Se louent et l’art a bon.

Vers l’aine

L’épaule inerte

Et l’autre raillent un mot.

 

 

 

 

TEMPETE

 

Sous le ciel déchaîné.

-D’un bleu marine si foncé qu’il accablait le noir

Et tourmenté de minces tourbillons laiteux

Parsemé ça et là de clairons argentés

Et de roches de pluie-

Se frayant un passage dans les herbes et les fougères

A l’aide d’un vieux fusil à la crosse d’ébène,

Retenant son chapeau de velours

Avec un livre encorné,

Emporté parfois par sa redingote

Gonflée par le vent.

Il formait une tache noire dans la plaine bleue.

Il semblait ridicule dans cette étendue sans arbre,

Les herbes folles lui grattaient le menton

Et le ciel l’écrasait…..

Un peu….

Comme les yeux des autres.

Un souffle de vigueur faisait danser son écharpe.

Il formait une tache noire dans la plaine bleue.

 

 

 

 

RITOURNELLE

 

Il est minuit,

Sur le trottoir aux trois cent pas

J’arpente les quais de mon doigt.

Lame à l’appui.

Il est minuit,

Les rues sont envahies de brume

Et dans cette aura de fortune

L’eau s’évanouit.

Il est minuit dans une ellipse.

 

 

 

 

HORIZONS BLEU PERDU

 

Nacelles colorées

D’embruns et de marée

Opale vivifiante

Aux sonorités lentes,

Insectes traversés

De fourmis évasées

Feuille large mouillée

De gouttes de rosée,

Méduse calligramme,

Rusée comme une femme,

Rat fauve de fortune

Au firmament des lunes,

Espiègle garnement

Au sourire d’argent, vous tous :

Allez au diable !

 

 

 

 

CASCADES IGNOREES

 

Euripide a pleuré

Sur le sable encore charmé

Par une branche folle.

Dans une souche grise,

Sur les tétons de la colline,

Un poète a jeté les dés

Et le ciel s’est ouvert

Comme du coton.

La fillette peut réveiller ses sandales

Parce qu’elles sont propres.

Les vieux aux imberbes couleurs les trouvent lourdes,

Comme un miroir au fond duquel ils découvriraient

Résignés,

Sur leurs visages sillonnés de temps,

L’absence d’avenir.

La fougère animée de spasmes décharnés

Entame un espiègle sursaut !

Et toujours coule le temps dans ces cascades ignorées...

 

 

 

 

LUMIERE

 

Elle emplit les îlots, enveloppe les blés

Et berce dans son flot aux cent paillettes d’or

La nature endormie au couffin des rosées

Et la ville blottie au creux des vallons morts.

Chevauchant l’aube pâle embrouillée par la lune

-au sourire étonnant, vertical et fuyant-

Et chassant de son feu vif étoiles et brumes,

Elle passe pour Dieu aux yeux fous des croyants.

 

 

 

 

CHAGRIN DU CIEL

 

Ce soir j’ai pris le ciel étoilé et je l’ai posé sur mes épaules, comme un manteau de bruyère.

 

Seul, j’ai rôdé sur le pavé de grêle et de souvenirs blessés. Je ne pensais plus car un écureuil aux ailes fauves était mort dans ma main, en pleurant des cascades d’ivresse. J’avais la tête vide et les yeux clos, je marchais sans but au contour des maisons, dont les yeux s’éteignaient peu à peu.

 

Je n’avais pas froid et balayais la route de ma cape aux myriades folles. Les réverbères éclairaient ma promenade de leur clarté humide et rassurante. Je ne croisais personne, seulement des chats aux pattes de saison, avec des queues enroulées dans un mouchoir de soie odorante.

 

Je n’avais pas sommeil, j’étais vide et calme comme une souris de printemps. Au détour d’une ruelle, j’ai croisé ce soir là un ange à tête de cité. Ses ailes étaient violées et amoureuses. Quand il m’a vu, il s’est mis à rire aux éclats et j’ai compris que je ne devais pas me laisser envahir par l’amertume.

 

La lune avait cessé de bailler. C’est alors que mes chaussures se mirent à s’enlacer furieusement : j’étais conquis par le matin !

 

Ma cape s’écourtait et commençait à me chauffer les épaules. J’ai senti que mes yeux étaient lourds comme des émeraudes engourdies par un souvenir terrible.

 

L’écume a cédé sa place aux fruits de l’aurore. L’ange s’est alors effacé sans cesser de rire. Mes mains me brûlaient, la brume n’était autre qu’une femme.

 

Quand j’ai commencé à m’essouffler, c’était pour m’apercevoir que mes jambes s’étaient étirées de chaque côté de la ville pour former un toit à la charpente d’horizon.

 

Mes cheveux se sont dressés autour de ma tête et se sont enflammés, mes mains se sont séparées en des milliers de gouttelettes miroitantes, elles se trouvaient nuages de cornemuse.

 

J’ai alors contemplé la ville qui s’éveillait et ne faisait plus attention à moi.

 

L’azur avait endolori mes pensées de couleur.

 

 

 

 

L’INCENDIE DES GUITARES

 

Dans un jardin public : un homme se promène seul.

 

Ses chaussures sont deux oiseaux de hasard avec des ailes de feu.

 

Il marche dans l’allée qui serpente à travers l’herbe rase des plantations aquatiques. Au fond, il y a de très grands arbres, comme des feuillages abondants avec une ombre ensoleillée en guise de manteau.

 

L’homme regarde sur sa droite et voit sur un banc une femme nue, allongée comme on le serait sur une branche de gui. Sa peau est brune et ses formes rondes. Un jet de couleur s’envole du bout de ses seins doux et imposants ; cela fait de la musique de violette. En la voyant, l’homme devient coq de bruyère et siffle comme une étoffe patiente. Le sexe de la femme prend alors la forme d’un moineau aux odeurs de rosée et le reste de son corps s’envole avec un élan éclatant, comme une flamme.

 

Maintenant, dans le bois du fond du parc, il y a une branche qui accueille les deux oiseux et leur explique comment l’amour peut rester braise sans devenir cendres. Et quand je passe, je joue le rôle du voleur avec ma flûte…

 

Et je peux tomber amoureux sans mourir de chagrin.

 

 

 

NOUVELLE ECRITE PAR ARNAUD en 1995

(EXTRAIT)

 

Il y a des jours où je me demande si c’est moi qui me trompe ou si ce sont eux qui se gélifient le cerveau dans leurs certitudes et leurs croyances. Il me semble que la vie n’est pas une corvée mais bien un hasard chanceux duquel nous devrions profiter. Comment peut-on avoir la prétention d’expliquer ce qui nous dépasse et à mon avis ne nous regarde pas ?

 

La fumée remontait le long des poignets de Christophe pour venir se mêler à sa chevelure douteuse et enfin étendre ses fils bleutés dans l’atmosphère étouffée de la pièce. Une fumée forte, épicée qui commençait à le griser et à l’engourdir sérieusement.

 

J’ai vraiment un dégoût amer de ces personnes tranquilles qui ont trouvé le moyen de se rassurer sur tout en acceptant un ordre établi aléatoirement pour d’autres Il faut avoir sacrément confiance en ses semblables ! Ils attendent tout bonnement- qui n’est plus un mystère pour eux- s’achève comme elle s’est achevée pour les générations précédentes.

 

Je pense que chacun trouve son bonheur ou tout du moins son équilibre à sa façon. Il n’y a pas de règle générale. Nous sommes libres de choisir la voie qui nous convient le mieux. La mienne est peut-être plus courte et plus sinueuse mais aussi plus intense.

 

J’ai l’impression d’être un privilégié à pouvoir profiter de plaisirs si forts sans remords. De toute façon je ne peux pas croire authentiquement à leurs bouées…. Comme des bouées utiles mais pleines de vide. Je ne peux ignorer ce vide ; c’est la première chose qui me saute aux yeux. Je préfère m’immerger dans l’océan et en découvrir les étendues jusqu’aux plus bas fonds….Ah je m’offre de belles images de la mer. J’ai envie de me baigner….et pourquoi pas ?

 

Dehors il faisait lourd et étouffant. La chaleur pesait sur ses épaules….. Et cet orage qui ne se décidait pas à éclater…. Comme saisi d’un sursaut d’énergie la carcasse jeune et pourtant si lourde de Christophe se dressa et il marcha vers l’océan…….

Textes écrits par Arnaud : poèmes et prose
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